[RP SOLO] Dans le bureau

[Amadeo di Corri-Lio]

Ce 20 juillet 191, le soleil, comme à son habitude en cette période estivale, baignait de ses rayons l’archipel naroisien. On avait annoncé des températures particulièrement chaudes pour toute la semaine. Et pour une fois, les météorologues ne s’étaient pas trompés. En effet, les fonctionnaires de la Chancellerie des Légations étaient là pour en témoigner. Même si la veille battisse permettait de conserver un certain air frais, on ne pouvait pas échapper ce jour-ci à la canicule qui s’installait depuis le début du week-end.

Ainsi, pour tenter de survivre au milieu de cette chaleur écrasante, le Chancelier des Légations, comme la plupart de ses collaborateurs, avait fait ouvrir les fenêtres de son bureau et réinstaller le ventilateur dès son arrivée au petit matin. Il est vrai que même si ce léger aménagement ne permettait pas de fuir la chaleur, cela permettait au moins de travailler dans des conditions favorables à la concentration. Car pour Amadeo, il n’a rien de pire que la chaleur pour bâcler son travail.

La pièce dans laquelle le Chancelier avait établi son bureau était richement décoré, comme on pouvait s’y attendre. Il y avait au centre de la pièce une splendide œuvre d’un menuisier étranger réputé. Un magnifique bureau en acajou sur lequel le Chancelier était en plein travail. Il n’était pas possible d’identifier précisément de quel pays il venait mais il semblerait qu’il fut offert à l’occasion d’une rencontre entre des dignitaires orientaux et solinariens. Ce bureau était accompagné de trois sièges en velours, un disposé à l’arrière et deux autres à l’avant. Non loin de celui-ci à sa droite, un canapé et deux autres sièges entourait une table basse en bois de chêne, elle aussi magnifiquement réalisée. Au fond à gauche de la pièce, près des fenêtres qui donnaient sur les jardins du bâtiment principal, était disposé un autre meuble richement décoré sur lequel trônait une vieux tourne disque. Si aujourd’hui, la coutume la plus répandue était d’écouter de la musique sur son smartphone, il en était autrement à Narois, et plus particulièrement dans la Noblesse de Sang. On avait en effet particulièrement à cœur d’utiliser les vieux objets. Non pas par refus de la modernité – certains vous l’affirmeront cependant -, mais par attachement et par volonté de se souvenir d’une époque tranquille, où le Royaume d’Orient prospérait… Ainsi donc, le vieux phonographe remplissait la pièce d’un air de musique qui répandait une ambiance de bohème et appelait volontiers au calme et à la tranquillité. Il s’agissait du Temps des cerises d’Emilia Siccerilo, une chanteuse très connue dans les années 100. Amadeo éprouvait pour cette interprète, maintenant oubliée, un respect tout particulier. De l’autre coté de la pièce, sur le mur adjacent aux fenêtres donnant sur l’extérieur, une cheminée trônait fièrement, richement habillée, et couronnée d’un splendide miroir. On y avait déposé plusieurs objets, dont notamment une horloge et diverses statuettes rapportées de voyages autour du monde ou offertes à l’occasion de rencontre. C’est ainsi au milieu de ce luxueux décor que les journées de travail du Chancelier des Légations s’écoulaient.

Par ailleurs, celui-ci était attablé à son bureau, plongé en pleine lecture du dernier rapport du Légat impérial auprès de la République des Îles Ariannes. Indiquant outre des éléments relatifs à la vie politique de ce voisin, particulièrement mouvementé ces derniers temps, le rapport traitait essentiellement de l’état des négociations entre le Légat et son correspondant autour d’un traité de coopération commun. Une idée arianaise qui avait tout de suite sut conquérir le cœur d’Amadeo. En effet, celui-ci souhaitait bien marquer l’histoire par son mandat, et sa priorité était d’ouvrir Narois à ses voisins afin de favoriser son rayonnement culturel et il voyait ce traité comme moyen d’arriver à ses fins. Et puis il fallait dire, que des quatre Chancelleries du Collège, la sienne les dépassait toutes en termes d’activité. Ce qui n’était pas pour lui déplaire, tout le monde l’aura saisi. Lui qui briguait la fonction d’Archichancelier donnerait tout pour l’atteindre.

C’est ainsi dans cet état d’esprit qu’en cette matinée estivale, le Chancelier travaillait ardemment dans son bureau.