[Séance du 14 juin 190] Intervention de l'Archichancelier

[Elias Sarmiento]

Suite à une note reçue par la Chancellerie Impériale, dans laquelle celle-ci demandait expressément la convocation de la Convocation Impériale, le Prince-électeur Elias Sarmiento exécuta la demande et l'ensemble des Grands Honorables furent notifiés de leur convocation expresse au Parlement.

Il donna également l'ordre au personnel de préparer le Hall de la Convention afin d'accueillir ses membres avant le début de la séance. Il tenta également de prendre contact avec l'Archichancelier ou l'un des membres du gouvernement pour comprendre de quelle nature était cette convocation express.

Pour le moment, seulement le Hall de la Convention était accessible aux Pairs.

[Amadeo di Corri-Lio]

Amadeo di Corri-Lio, le Chancelier des Légations, qui était aussi perdu que le Prince-électeur fut parmi les premiers à arriver sur les lieux. Il ne comprenait pas la logique derrière cette convocation expresse de la Convention et attendait très urgemment une réponse. Que pouvait-il bien leur dire à tous ces pairs ?

Comme il ne souhaitait pas se mêler à la foule pour éviter d'avoir à répondre à des questions dont il n'avait pas la réponse, Amadeo avait donné l'ordre avant de quitter la Chancellerie d'organiser une rencontre avec le Prince-électeur, loin de toute l'agitation possible des grands salons du Hall de la Convention.

Ainsi les deux hommes se rejoignirent dans le bureau du Prince-électeur, tentant de comprendre ce que l'Archichancelier préparait. Amadeo fit également la demande au personnel d'amener le Conseiller d'Empire et ancien Premier-Ministre de Narois, Jude Snow dans le bureau dès son arrivée au Parlement.

[Raffaele Loredano]

Le Bourgeois Raffaele Loredano et ses 3 frères et les autres membres de la famille siégeants à la Convention se rendirent ensemble à la séance exceptionnelle de la Convention Impériale. Leur arrivée se fit au milieu d'échanges nourris et de rires sonores entre les frères et les autres membres de la famille qui siégeaient à leurs côtés qui résonnèrent avant même leur entrée dans le Hall - le genre de loquacité qui était coutumière des familles terranoviennes. Ce qui n'empêchait pas pour autant les Loredano de maintenir une tenue irréprochable. Le pas synchrone et leurs habits soignées, les petits nobles qui étaient nombreux à répondre présent à la convocation firent place aux nobles de l'ancienne famille patricienne, qui avait un nom prestigieux à défendre.

Lorsque ceux-ci prirent place sur les fauteuils d'un petit salon de la Convention en attendant que celle-ci soit ouverte, Raffaele ainsi que ses frères ne tardèrent pas à être entourés par leurs assistants et secrétaires, pour reprendre les discussions de travail que ceux-ci avaient quitté. Si le Sérénissime Empire peut attendre avant l'ouverture de sa Convention, ce n'est pas le cas de l'empire financier et médiatique mondial sur lequel les Loredano régnent depuis les temps immémoriaux du capitalisme. Car comme le dit leur devise, le Temps c'est la Fortune.

[Primo Cianci]

Lorsque la convocation a été envoyée aux membres de la Convention, Primo se préparait à un rendez-vous d'affaire dans la Capitale. Au moment où son secrétaire l'informait de la nouvelle, il acquiesçait sans dire un mot, avant de souffler quand il se retrouvait seul dans la pièce. En effet, cette convocation tombait mal même si elle était importante. Dans la foulée, le doyen de la famille Cianci a prévenu les membres de sa famille avant de téléphoner à son partenaire industriel.

- Oui, bonjour, bonjour... Je me vois dans l'obligation d'annuler notre entrevue prévue. Vous pourrez définir un nouveau rendez-vous avec mon secrétaire, vous avez son contact je crois ? Bien. À la prochaine alors.

Le Bourgeois se préparait alors pour se rendre à la convention, vêtu d'un costume prestigieux acheté au Saphyr dans une boutique de la Eric Sullivan Signature Collection. Il portait aussi son petit badge en forme de torche, signe qu'il avait affiché après la fin du régime frazziliste pour insister sur le caractère antifasciste de son groupe d'activités économiques. Alors que la famille Cianci arrivait dans le Hall de la Convention, elle saluait les membres présents en serrant des mains et en souriant comme à son habitude - la famille était bien rôdée pour se faire des relations.

[Loredana Sanseverino]

La convocation des Nobles de la Convention avait surpris Loredana, peu habituée à ce genre d'imprévus. Elle bouleversa son agenda pour faire honneur à l'Archichancelier et écoute ce qu'il avait à leur dire. De son palais, elle fut donc conduite jusqu'au Parlement Impérial. Elle entra dans le bâtiment accompagné des membres de sa famille qui siégeaient aussi. Ils s'installèrent chacun à leur place, la Princesse palatine ayant une place importante au milieu de l'hémicycle, non loin du gouvernement, où elle est entourée des autres grands nobles du pays.

[Renato Cacciavillan]

L'évêque de Caraille et Chancelier des Sceaux, en tenue d'apparat, c'est-à-dire en soutane traditionnelle aux attributs violets et à la grande croix pectorale, entra dans le Parlement. Il n'avait pas vu l'Archichancelier depuis plusieurs jours et ne savait donc pas pourquoi les nobles de la Convention étaient convoqués. Il salua quelques uns de ses amis évêques avant de prendre place sur le banc du gouvernement, aux côtés du Chancelier des Légations, qu'il salua amicalement.

[Giovanni di Aosta-Costa]

Ayant fait convoqué la Convention, l'Archichancelier arriva une heure après que les derniers pairs furent reçus dans le Hall. Il souhaitait que tous soient présents pour son allocution car il avait de grandes choses à annoncer. Pas de bonnes nouvelles, non. Ni de mauvaises. Des annonces cruciales pour l'avenir de Narois, voilà précisément ce que s'était.

Son secrétariat ayant annoncé son arrivée prochaine, les Pairs furent invités à prendre place dans le somptueux hémicycle qui leur était réservé dans le Parlement. Giovanni di Aosta-Costa arriva quelques minutes après, dans un costume sobre, affichant un sourire de façade, sa main gauche dans son dos tandis que l'autre tenait une liasse de documents. Il fit son entrée dans la salle, avec son gouvernement, prenant place à son banc, ne répondant aux regards des Pairs que par un sourire d'apparence tranquille.

Le Prince-Electeur ouvrit solennellement la séance et appela l'Archichancelier à prendre la parole. Giovanni se leva et installa ses documents avec sa main droite, plaquant fermement sa main gauche qui semblait être parcouru de légers tremblements sur le parloir de la Convention. Parmi ceux qui avaient eu la chance de siéger au premier-rang, beaucoup comprirent ce que signifiait cette attitude étrange qui n'était pas du tout un trait du comportement habituel de l'Archichancelier. C'est donc avec cette main défaillante mais toutefois avec le ton assuré et solennel qui lui était propre que Giovanni di Aosta-Costa prit la parole.

Grands Honorables Pairs de la Convention Impériale de la Noblesse,

Je tiens premièrement à vous remercier de votre présence ce-jour. Je sais parfaitement quel désordre la réunion de la Convention a pu causer dans vos agendas respectifs. Cependant, vous avez tous su répondre à votre devoir et je vous en remercie.

Je veux ce-jour m’entretenir avec vous de la continuité de l’action du gouvernement ainsi que les futurs projets que nous projetons d’accomplir dans les jours à venir. Pour cela, j’aurais devant vous une intervention courte et concise.

La Chancellerie Impériale, après concertation auprès des Conseillers d’Empire dont le Très Honorable Jude Snow, que je salue, est le fier représentant, a pris la décision d’organiser dans les délais les plus courts les élections locales nécessaires à la formation des chartes constitutionnelles des six États de la Fédération Impériale. Ce sont des élections attendues, tant par nos concitoyens que par nos alliés naturels. Nous devons réaffirmer la valeur de la démocratie et nous le ferons par l’organisation sous peu des élections locales.

En parallèle, j’irais, en mon propre nom et en ma propre responsabilité, proposer à Sa Sérénissime Majesté Impériale la suspension de la Chambre Fédérale. Ce n’est pas une décision prise dans le but d’arranger mes propres affaires, mais de rendre l’État fédéral compétent et à la hauteur des enjeux à venir. J’entends par-ici la réforme des institutions ainsi que la modification du droit naroisien, tel que le prévoit les divers décrets-lois ainsi que les apports prévus par la Constitution. Ce seront des défis importants qui sont en premier-lieu les nôtres. Nous avons, en tant qu’organe garant de la morale et des traditions de l’Empire, la tâche de montrer le chemin à nos cadets, de nous comporter comme les aînés d'une seule et grande famille.

Si ma proposition est acceptée par Sa Sérénissime Majesté Impériale, je ferai parvenir dans les plus brefs délais ma démission ainsi que celle de mon gouvernement. Dans le cas contraire, je ferai tout de même parvenir notre démission. En effet, je ne me considère plus en l’état d’assurer les fonctions dues à l’Archichancelier et je souhaite passer la main à des personnes plus compétentes.

Il faut que ce changement soit un signal fort. Celui d'un Etat fédéral compétent. Celui de la renaissance effective de la démocratie.

Je vous remercie.

Il resta quelques instants à la tribune avant d'en descendre sous les applaudissements de son gouvernement, de sa faction et de ses alliés pour rejoindre le banc du Gouvernement fédéral.